L’histoire du gant : a-t-il toujours servi à protéger du froid ?
Aujourd’hui, on porte des gants lorsqu’il fait froid : c’est notre fidèle allié au ski, en promenade hivernale ou tout simplement pour se rendre au travail lorsque les températures se font basses. Accessoire bien utile pour protéger nos mains du froid, le gant a-t-il toujours eu cette fonction ? Un petit éclairage historique sur le gant s’impose 😊
Les premiers gants de l’histoire
Les premiers gants de la préhistoire protègent les mains de potentielles blessures et non du froid : à Santorin, vers 12000 avant JC, une fresque figure deux hommes pugilant avec une V1 du gant de boxe. Toutankhamon est enterré avec 27 gants de lin pour monter à cheval et bander l’arc.
Pourtant, les Grecs trouvent qu’il effémine, le reléguant aux travailleurs. Tous portent cependant des gants en soie ou en lin pour manger sans se brûler. Homère décrit Laerte (papa d’Ulysse) jardinant ganté parmi les ronces. Fi de l’efféminé quand il fait froid ! L’ennemi perse porte des moufles en fourrure.
Le gant en tant que symbole…avec tout un tas de codes !
Les envahisseurs normands du IXe siècle les rediffusent : dès lors, un roi franc couronné reçoit des gants blancs symbolisant honnêteté et pureté, puis les brûle.
Le clergé l’adopte, de l’évêque au pape.
A la cour, le seigneur donne son gant au vassal pour agir en son nom, mais il faut les retirer devant le roi ou dans ses écuries.
Le gant jeté appelle au duel, les juges délibèrent mains nues, comme les chasseurs à courre pour achever une proie, les vassaux pour saluer une élégante. Chez Madame, le gant symbolise la noblesse, mais le donner équivaut à lâcher son 06...
Ça devient complexe :
- Les domestiques doivent en porter sur leurs mains travailleuses
- Le gant du franc-maçon signifie honneur et pureté
- Les mariées l’adoptent avec la robe blanche
- Un vrai gentleman doit changer de gants 6 fois par jour !
- Il faut porter des gants au bal mais pas pour jouer aux cartes ou souper
- On met des gants jaunes à la chasse, noirs pour les obsèques…
Début XXe siecle, « Le Calendrier du Gant » dicte toujours le code. Les femmes peuvent montrer leurs bijoux avec des mitaines (pour celles qui ont froid aux paumes). On invente les gants lavables et l’assortiment au sac. Puis, le gant devient désuet avec la mode du bronzage.
La fabrication du gant et son raffinement
Les Maitres-gantiers français s’installent près d’élevages (chevreaux, agneaux) et d’eau. En Allemagne, une machine tricote du fer pour produire le gant du chevalier, raccord à sa cuirasse.
Catherine de Médicis introduit en France les gants d’ornement et teste même la peau de chat ☹️ Elle aurait empoisonné la reine protestante Jeanne D’Albret (1572) avec des gants de cuir imprégnés de venin de crapaud !
Le marquis Pompeo Frangipani (XVè s.) parfume ses gants d’extrait d’amande cachant l’odeur du tannage : Succès immédiat ! A Grasse, Molinard produit des gants parfumés masquant la puanteur du cuir … et des corps.
Pendant la Terreur, on l’évite car il trahit l’aristocrate. Puis, les classes sociales restructurées le réadoptent.
Et le gant aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le port du gant de travail est légalement très encadré. Rien qu’au volet militaire : NBC (Nucléaire-Bactériologique-Chimique), anti-coups de couteau, anti-froid ou chaud, cérémonie...
A chaque sport, son modèle technique et on invente les gants moto chauffants (ou bien pour le ski !), les gants parlants retranscrivant la conversation d’un sourd, les gants de réalité virtuelle...
Oups ! qui oublierait le gant mythique de Mickael Jackson ?
On évoque même l’inscription du gant au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco (si si !)
Qu'il soit en cuir, en laine, en soie, en lin ou toute autre matière, le gant porte ainsi toute une histoire et des symboles qu'on ne soupçonne pas lorsqu'on le porte juste pour ne pas avoir froid.